Il existe aujourd’hui un sentiment diffus, oppressant et de plus en plus partagé d’un retard généralisé de l’espèce humaine, s’accompagnant d’une injonction permanente à « s’adapter » pour « évoluer ». L’invasion du lexique biologique de l’évolution trouve sa source dans des inspirations peu connues du néolibéralisme : l’évolutionnisme et le darwinisme, tel qu’ils ont été théorisés par Walter Lippmann.
Selon Lippmann, l’espèce humaine est par nature conservatrice et, par conséquent, inadapté à son environnement changeant et dont les flux se sont accélérés depuis la révolution industrielle. Ce constat le conduit à prôner un gouvernement par le haut, sous la tutelle des experts, qui doit mener un grand projet de réadaptation de l’espèce humaine – projet remettant en question l’intelligence collective et la vie proprement démocratique.
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