Chaque année en France, on estime à environ 70 000 le nombre de mariages arrangés, parfois forcés. Ce chiffre, largement contesté et rarement documenté officiellement, est surtout le reflet d’un tabou majeur : celui d’une loi du silence, renforcée par la peur des représailles familiales, l’omerta communautaire, et le refus institutionnel de nommer les choses par peur d’accusations de racisme ou d’islamophobie.
Or, très peu de femmes issues de familles musulmanes dénoncent publiquement les mariages arrangés qu’elles ont subis. Non pas parce qu’elles les acceptent, mais parce que le poids de la honte, du contrôle social, du bannissement symbolique — voire réel — est immense. Derrière cette invisibilisation, il ne faut pas chercher une autorité masculine évidente, un père brutal ou un frère autoritaire. Le pouvoir est ailleurs. Il est diffus. Et il est féminin.