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Le parti de la presse et de l’argent

En un an, la partie de Monopoly qui voit les grandes fortunes se répartir les grands moyens de communication a connu plusieurs rebondissements spectaculaires. D’abord, M. Bernard Arnault réalise un vieux rêve en rachetant Paris Match à son collègue Arnaud Lagardère. Ensuite, M. Rodolphe Saadé, le milliardaire de la logistique, ravit à M. Patrick Drahi, le milliardaire des télécoms, le contrôle de BFM TV et de RMC. L’un et l’autre partageant les idées économiques du président de la République, la différence ne devrait pas sauter aux yeux. Enfin, la famille Hutin, qui contrôla longtemps SIPA - Ouest France, quitte le plateau : l’association qui possède le groupe ne dépend plus des anciens propriétaires.

Au fil des ans, cette carte a parfois alimenté un malentendu. Elle met en cause un système où les médias s’achètent et se vendent comme des bottes de poireaux : une presse de marché productrice d’information-marchandise. Mais, plutôt que de discuter l’appropriation privée des chaînes et des titres, le débat public se focalise sur les préférences idéologiques de certains propriétaires. Belles âmes démocrates et moralistes libéraux s’indignent des outrances racistes de la « presse Bolloré ». Mais ne contestent pas que des hommes d’affaires puisse acquérir et asservir l’information. À leurs yeux, limiter le droit de propriété abîmerait la démocratie.

Il y a quatre-vingts ans, les résistants qui formaient l’ossature du gouvernement provisoire abolissaient d’un trait de plume la concentration de la presse. Poursuivre et parfaire leur programme est la meilleure manière de célébrer cet anniversaire.

https://www.monde-diplomatique.fr/telex/2024-12-ppa

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