Le paradigme dominant n’établirait pas d’équivalence entre l’attentat islamiste du Bataclan, l’attentat du marché de Noël de Magdeburg, le meurtre de Lola à Paris, le meurtre de Thomas à Crépol, l’attaque au couteau au métro de Lyon ainsi que d’autres actes commis par des OQTF... Dans un cas, il s’agit d’un attentat islamiste. Dans les autres cas, ce paradigme y voit des crimes de droit commun, de faits divers et non des faits de société ou, plus précisément, de contre-société. Et pourtant, si on prend n'importe quel attentat, n’importe quel acte abjecte parmi les crimes citées, et qu'on suit les branchages par n'importe quelle terminaison, on n'arrive presque toujours au même tronc commun de l’arbre des causes : l’islamigration (mot-valise formé par la fusion entre islam et immigration). Vais-je trop vite en besogne en établissant cette corrélation pour ne pas dire causalité ? Je ne le pense pas.
En effet, j’invite à lire un best-seller à la fois anthropologique, sociologique et psychanalytique, paru pour la première fois dans le monde arabe en 1981, sous le titre «le sous-développement social : introduction à la psychologie de l’homme opprimé»). Son auteur libanais, Mostafa Hegazy (1936-2024), diplômé de l’université de Lyon, fut académicien, psychologue et essayiste de renommée. Depuis 1981, son livre ne cesse d’être réédité, étudié et commenté tellement son diagnostic demeure d’actualité. Partant du constat factuel que les programmes de développement ne fonctionnaient pas dans le monde arabe, malgré les milliards de dollar dépensés, il a tenté d’établir son arbre des causes, des racines aux branches, pour comprendre les mécanismes intrinsèques de ce blocage qui empêchent le développement.
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Expulsion au nom de l’hystérie climatique : les Masaï de Tanzanie forcés de quitter leurs terres
Ces jours-ci, une variante particulièrement perverse du colonialisme moderne refait surface. Ce qui se déroule en Tanzanie, en Afrique de l’Est, laisse sans voix et jette une lumière crue sur les zones d’ombre d’une prétendue noble lutte pour la protection du climat. Car les certificats de CO2, eux, rapportent beaucoup d’argent.Le gouvernement tanzanien a commencé à expulser plus de 110 000 membres du peuple Masaï hors de la zone protégée du Ngorongoro. Le prétexte officiel : la protection de la nature. La dure réalité : il s’agit de certificats de CO2 rentables et d’un tourisme de safari lucratif. «Le gouvernement fait tout pour étouffer les communautés locales et tirer davantage de revenus du tourisme et de la chasse aux trophées», déclare Moloimet Olemoko, un berger masaï, au Telegraph britannique. Ses paroles résonnent comme un cri désespéré contre le cynisme mêlant protection climatique et appât du gain.
Au sud de Ngorongoro, une entreprise nommée Carbon Tanzania vend déjà des certificats de CO2 sur environ 110 000 hectares de terres – précisément là où les Masaï font paître leurs troupeaux depuis des générations. En février, un autre accord de 120 000 dollars a été signé avec Kilombero North Safaris, interdisant aux Masaï l’accès à trois de leurs forêts ancestrales. L’histoire se répète : dans les années 1950, les Masaï avaient déjà été chassés du Serengeti, à l’époque sous prétexte de conservation de la nature classique. Aujourd’hui, ce sont des projets climatiques «modernes» qui servent de justification à leur expulsion.
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« Le loisir fécond est la condition de la démocratie » - Jean-Miguel Pire
L'otium, nom latin du loisir intelligent, a été détourné de sa puissance originelle, éthique et politique, par les Romains puis par les religions monothéistes. L'historien et sociologue Jean-Miguel Pire en ravive l'esprit dans son dernier essai, L'otium du peuple, à la reconquête du temps libre (Sciences humaines, 2024). Il réfléchit aux moyens d’en démocratiser les ressources dans un contexte où son antithèse, le négoce (« nec otium » – littéralement, ce qui nie l’otium), étend son hégémonie et où, en particulier, le marché des écrans capte une part croissante de notre « temps de cerveau disponible ».
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Révolte sociale et justification du meurtre : ce que révèle l'affaire Mangione
L'assassinat de Brian Thompson, PDG de UnitedHealthcare, par Luigi Mangione, révèle les fractures de la société américaine. Acte politique dénonçant les abus du système de santé, il a suscité un flot de témoignages sur sa violence. Entre fascination malsaine pour un tueur devenu symbole et dénonciation légitime d'un système injuste, ce crime pose une question morale et politique : peut-on justifier le meurtre ?
Brian Thompson, PDG de l'assurance médicale UnitedHealthcare, a été assassiné dans la rue à Manhattan (New York) en novembre dernier. Les indices laissés par son assassin présumé, Luigi Mangione, révèlent une démarche éminemment politique à l'encontre du système de santé états-unien. L'assassin lui a tiré trois balles dans le dos sur lesquelles étaient gravées les mots « Deny, Defend, Depose », une référence à la stratégie des assurances médicales pour éviter de couvrir les soins. Il a laissé un court manifeste dénonçant les pratiques des assurances santé. -
Emprise du narcotrafic en France : chronique de quinze années d’un aveuglement collectif
Le Monde a pu consulter des dizaines de documents émanant du service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), de la gendarmerie, de l’Office antistupéfiants (Ofast), des centaines de pages le plus souvent confidentielles qui mettent en perspective, depuis 2009, les menaces mafieuses qui pèsent sur la société. Qui retracent, aussi, la prise de conscience tardive des autorités jusqu’au réveil douloureux, dans le vacarme mortifère des rafales d’arme automatique claquant au pied des barres d’immeuble, dans les rues des villes moyennes, sur les routes de campagne : plus de 300 assassinats et tentatives liés au narcotrafic ont été comptabilisés en 2023. « Cette vague de violences criminelles a contribué à faire remonter le sujet, confirme la commissaire divisionnaire Annabelle Vandendriessche, cheffe du Sirasco. C’est par ce prisme-là que la prise de conscience au plus haut niveau de l’Etat a pu avoir lieu sur tous les autres phénomènes criminels, de la corruption à la digitalisation du crime. »
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Le Pont-Neuf empaqueté : encore un « cadeau » de l’art contemporain
Avez-vous, dans votre entourage, quelqu’un qui vous offre régulièrement le même cadeau, cravate ou autre bougie parfumée ? Eh bien, en septembre prochain, le Pont-Neuf deviendra « The Pont Neuf Wrapped », le Pont-Neuf « empaqueté » ou « emballé ». Comme un air de déjà-vu…
« De grandes formations rocheuses reliant temporairement les rives droite et gauche de la Seine » : l'annonce en a été faite par la Fondation Christo et Jeanne-Claude. L’installation du plasticien JR sera « une installation immersive inspirée de l'héritage du couple d’artistes » pour fêter les 40 ans de l’emballage du monument par Christo. Derrière ce côté Luna Park, l’auteur de Art contemporain, manipulation et géopolitique, Aude de Kerros, voit d’abord du business : « Cet événement va faire vivre la cote de Christo et celle de JR, explique-t-elle à BV. Tout un microcosme a un intérêt au montage. »
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L'euthanasie est hors de contrôle au Canada depuis sa légalisation
Le Canada est un pays « en avance » pour les promoteurs du « droit à mourir ». Si le pays de l'érable n'est pas le premier à avoir légalisé ce « droit », la politique canadienne est particulièrement libérale en ce sens qu'elle permet l'euthanasie active comme le suicide assisté depuis 2016. La boîte de Pandore a été ouverte dès le début, selon les opposants : on note que les personnes les plus pauvres, les plus fragiles socialement sont surreprésentées parmi les candidats à une mort programmée (voir LSDJ 1780). Le lanceur d'alerte Alexander Raikin a dénoncé la faiblesse et la subjectivité des garde-fous législatifs. Les médecins pratiquant le « droit à mourir » sont – théoriquement – soumis aux dispositions du droit pénal et risquent de lourdes peines de prison si les procédures ne sont pas parfaitement respectées. Mais Raikin a obtenu des documents montrant plus de 400 cas de violations apparentes, juste dans l'État de l'Ontario (le plus peuplé du pays, où se situent les capitales politique – Ottawa – et économique – Toronto). Or, non seulement les autorités ont caché ces informations, mais en outre aucune plainte n'a été déposée par leurs soins contre les médecins suspectés de manquements.Le Canada est un pays « en avance » pour les promoteurs du « droit à mourir ». Si le pays de l'érable n'est pas le premier à avoir légalisé ce « droit », la politique canadienne est particulièrement libérale en ce sens qu'elle permet l'euthanasie active comme le suicide assisté depuis 2016. La boîte de Pandore a été ouverte dès le début, selon les opposants : on note que les personnes les plus pauvres, les plus fragiles socialement sont surreprésentées parmi les candidats à une mort programmée (voir LSDJ 1780). Le lanceur d'alerte Alexander Raikin a dénoncé la faiblesse et la subjectivité des garde-fous législatifs. Les médecins pratiquant le « droit à mourir » sont – théoriquement – soumis aux dispositions du droit pénal et risquent de lourdes peines de prison si les procédures ne sont pas parfaitement respectées. Mais Raikin a obtenu des documents montrant plus de 400 cas de violations apparentes, juste dans l'État de l'Ontario (le plus peuplé du pays, où se situent les capitales politique – Ottawa – et économique – Toronto). Or, non seulement les autorités ont caché ces informations, mais en outre aucune plainte n'a été déposée par leurs soins contre les médecins suspectés de manquements.