Un sentiment d’impunité. Depuis les incivilités quotidiennes qui exaspèrent ceux qui les subissent mais ne reçoivent jamais la réponse qu’elles méritent – le plus souvent une bonne paire de baffes –, jusqu’aux pires crimes qui passent à travers les mailles bien trop larges du filet, la multiplication des faits divers, par leur répétition même, en fait autant de symptômes d’un mal plus large. Que risque-t-on à violer la loi, c’est-à-dire à élever son petit ego au-dessus de l’universel ? En laissant faire pendant trop longtemps, en fermant les yeux – par peur légitime, paresse désinvolte ou complicité idéologique – sur la délinquance sous toutes ses formes, on a créé des monstres d’égoïsme qui ne voient plus dans l’autre un être digne de respect mais un simple objet, éventuellement un obstacle à la réalisation immédiate de son désir : tout est permis ! La déshumanisation de la société de l’obscène efface la dignité humaine derrière la pulsion individuelle.