L'histoire commence affreusement banalement : c'est celle d'une enfant africaine de 7 ans ; sans nom ; capturée sur sa terre natale ; arrachée à ses parents ; embarquée de force sur un navire négrier qui fait la traversée atlantique,The Phillis ; achetée comme esclave lors d'une vente aux enchères à Boston, en 1761, par John Wheatley, négociant prospère, pour le service de sa femme Susanna...
La fillette doit son prénom Phillis au nom du navire négrier sur lequel elle a été déportée, et doit son nom Wheatley à celui de ses propriétaires, comme cela était la coutume.
Un de ses poèmes, qu'elle écrira plus tard, se fait l'écho de ces heures déchirantes :
"Hélas ! au printemps de ma vie un destin cruel m’arracha des lieux fortunés qui m’avoient vu naître. Quelles douleurs, quelles angoisses auront torturé les auteurs de mes jours ! Il étoit inaccessible à la pitié, il avoit une âme de fer le barbare qui ravit à un père son enfant chéri. Victime d’une telle férocité, pourrois-je ne pas supplier le ciel de soustraire tous les êtres aux caprices des tyrans..."
[Traduction Henri Grégoire, dit l'Abbé Grégoire, curé rouge, évêque constitutionnel et homme politique français, une des principales figures de la Révolution française, dans son ouvrage De la littérature des nègres ou recherches sur leurs facultés intellectuelles, leurs qualités morales et leur littérature, 1808]