Ce titre, qui est celui, on le sait, d'un recueil poétique de Rimbaud, me donne à penser quant à la saison que le poète a traversée, mais aussi quant à celle que nous, aujourd'hui, traversons.
Dans ce petit livre qu'il donna à imprimer il y a tout juste 150 ans à l'automne 1873 (mais non publié, les textes ne paraîtront qu'en 1886 dans une revue, alors que son auteur avait déjà fait une croix sur la poésie), Rimbaud témoigne de sa propre descente en enfer, lors de son errance à Londres en compagnie de Verlaine et suite à leur violent conflit à Bruxelles, au cours duquel Verlaine lui tire dessus à deux reprises, le blessant au poignet. Ses tourments, sa folie, sont à l'origine de sa descente en enfer. Mais de cet enfer dont, selon la tradition, personne ne revient, Rimbaud n'y passera qu'une saison — et cette saison ouvre sur une aurore ("Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes"). L'expression de l'espoir prend le dessus.